vendredi 28 août 2009

Une semaine d’enregistrements (3/3) / One week of recording (3/3)

(English version below)

Le lendemain de l’enregistrement des cordes, j’étais dans le train pour Paris, où j’allais enregistrer la contrebasse de Luma Losange. Professeur de musique, Luma est un multi-instrumentiste hors-pair (contrebasse, basse frettless, guitare, piano…) doublé d’un caractère d’une gentillesse et d’une humilité tout aussi hors-pair (il va me tuer s’il lit ça, mais j’assume…). Après une rapide visite à la Maison de l’Espérance avec mon ami Peter, je devais retrouver Luma « dans le métro, où il chantait ». J’étais intrigué…chanter dans le métro ?

Au détour d’un couloir de la ligne 4 du métro, j’ai donc retrouvé Luma accompagné de sa femme et de quatre de ses amis, où ils allaient chanter. Cela fait plusieurs années qu’ils ont créé un groupe de gospel, appelé « le Mur de la Note », pour chanter dans le métro, la rue, les hôpitaux, etc. Sans autre matériel qu’une guitare et de fortes voix, ils n’ont pas d’autre but que d’offrir un peu de joie, de réconfort et de foi aux passants pressés et stressés. Luma m’a invité à me joindre à eux, et donc ma première soirée à Paris a commencé par un concert de gospel improvisé dans le métro, et je me suis régalé ! La vie est pleine de surprises…Cela faisait plaisir de voir les passants, au visage habituellement fermé, s’ouvrir, sourire, parfois même danser…

Puis Luma et sa femme m’ont emmené chez eux, où j’ai bénéficié de leur formidable hospitalité. J’y ai découvert le studio de Luma, une petite pièce construite directement sous le toit, pleine d’instruments et d’appareils qu’il bricole pour le plaisir. J’ai beaucoup aimé ce petit studio, c’est comme un cocon chaud et accueillant, parfait pour y donner naissance à la plus belle musique. Rien à voir avec ces bunkers sous-terrain dans lesquels la lumière du jour ne pénètre jamais…

Nous avons donc travaillé, travaillé, et encore travaillé. J’ai fait souffrir Luma sur sa contrebasse et sa frettless, et lui enchaînait piste après piste avec patience et persévérance. Au lendemain de cette longue journée, je rentre avec de belles lignes de basse dans l’ordinateur, riche d’une nouvelle expérience de musique et d’amitié.

Le train est sur le point d’arriver, il faut que je range l’ordinateur. La semaine d’enregistrements est finie…

Diaporama ici.

OooooooooooooO

On the day after I recorded the strings, I was in the train for Paris, where I would record the double bass with Luma Losange. A professor of music, Luma is a skilled multi-musician (double bass, fretless bass, guitar, piano…). Moreover, he is just the finest, gentler, humbler guy I know (He will kill me if he reads this, but it’s ok…) After a short visit at the House of Hope with my friend Peter, I was to meet Luma “in the subway, where he would be singing”. I was curious…singing in the subway?

So I went at the “Montparnasse Bienvenüe” station, on the subway line 4, and there I found Luma along with his wife and four of his friends, where they were about to sing. He explained me that a few years ago, he had created this band call “the Wall of Music” to perform Gospel music in the subway, in streets or in hospitals. With only one guitar and their strong voices, they just wanted to bring a bit of joy, comfort and faith to the hurried and stressed people (God knows how much Parisians are!) Luma invited me to sing along with them, so my first evening in Paris began with a Gospel concert in the subway, and I loved it! Life is full of surprises…It was so good to see people open-up, smile, dance…

Then Luma and his wife drove me to their house, where I was cared for like a king. I discovered Luma’s recording studio, a small room directly under the roof, full of instruments and electronics he repairs for the fun of it. I loved this little studio, it was like a warm and welcoming cocoon, perfectly fit to give birth to the finest music. It was nothing like these underground bunkers where daylight never enters.

We worked, worked and worked again for the whole day. I made Luma suffer on his double bass and his fretless, and he recorded song after song with patience and perseverance. On the following day, I am coming back with beautiful tracks of bass on my computer, and I am richer with a new experience of music and friendship.

The train is about to arrive, I have to switch the computer off. This week of recordings is over.

Diaporama here.

Une semaine d’enregistrements (2/3) / One week of recording (2/3)


(English version below)

Cela fait un mois (voir le post précédent) que cette journée a été planifiée, que tous les éléments se sont mis en place pour réaliser ce rêve d’enregistrer un orchestre, et dehors un tractopelle et une tronçonneuse ont choisi de s’inviter dans l’orchestre. Si l’on doit annuler, les étudiants vont reprendre les cours, cela va être un cauchemar pour trouver un autre jour où tout le monde sera disponible. Je suis debout devant les musiciens. Il faut prendre une décision.

Parmi mes nombreuses sources d’inspiration, entre Gandhi, Martin Luther King et Mandela se trouve l’un des plus grands philosophes de ce siècle : Eric Cantona. Si, si, le footballeur de Manchester. Je suis récemment allé voir Looking for Eric, le dernier film de Ken Loach. Un fan absolu d’Eric Cantona, en pleine déchéance, imagine que son idole lui apparaît et lui parle. Cantona va l’aider à remonter la pente à grands coups de sentences savoureuses (« Qui sème des chardons, récolte des épines »).

Alors que je me demandais ce que j’allais faire, une des sentences de Cantona m’est revenue à l’esprit : There are always more choices than you think. Tu as toujours plus de choix que tu ne le penses. J’aime beaucoup cette idée. Nous limitons souvent nos vies à un nombre défini de possibilités (« c’est ça ou ça »), alors que les possibilités sont bien plus nombreuses que nous le pensons. C’est une belle vision de la foi : ce que je ne vois pas encore existe quelque part, et dans chaque situation il y a d’autres chemins que ceux que je vois pour l’instant.

Donc en cette belle journée d’Août, je cherche. Il y a forcément une solution quelque part. J’ai confiance en Dieu qu’il y aura quelque chose malgré tout. Et si finalement tout est annulé, c’est dommage, mais il y a des choses bien plus graves dans ce monde…

Je suis allé demander aux ouvriers leurs horaires, ils font une pause d’une heure et demie en milieu de journée. Ce n’est pas assez pour nous, mais c’est déjà ça. A 13h15 nous n’avions enregistré qu’une partie du premier morceau quand le chantier à repris. Puis la pluie s’en est mêlée, ajoutant le crépitement des goutes sur le toit au bourdonnement du tractopelle. Toute expérience bonne à exercer la foi doit être accueillie ! A 17h la pluie s’est arrêtée, le tractopelle s’est éteint, et nous avons pu tout enregistrer…

A la fin de la journée, nous nous sommes retrouvés autour d’une table dans une pizzeria, épuisés, mais heureux d’avoir accompli quelque chose ensemble. Rien ne vaut l’ambiance d’amitié qui règne dans ces moments…

A minuit, j’arrive à la maison pour trouver deux petites clés collées sur ma porte, avec un petit message : « De la part de untel, inspiré par Dieu… ». Je ne comprends pas. Lorsque j’entre chez moi, une grosse caisse noire se tient, debout, au milieu de ma chambre. Une caisse de la forme d’une guitare. Je pense : « Cool, on m’a offert une housse de guitare en dur, j’en avais besoin! » Je tourne la petite clé dans la serrure, et une superbe guitare Tanglewood m’apparaît. Je suis abasourdi, je ne sais pas quoi dire, je ne comprends toujours pas.

Le lendemain, j’appelle la personne au téléphone. Il me dit simplement qu’il avait cherché cette guitare très longtemps, et que Dieu lui avait dit qu’elle était pour moi. Toutes mes protestations n’y font rien. Encore maintenant, alors que j’écris dans le train au retour de Paris, je ne comprends pas, mais une belle guitare m’attend à la maison. Je suis très loin de mériter un tel cadeau. Est-ce un signe, un encouragement, une consolation ? Tout cela à la fois, peut-être, je ne sais pas, je crois que je renonce à comprendre. Je ne peux que remercier simplement Dieu et cette personne, et faire le meilleur usage que je pourrai de cet instrument.

(A suivre...)

PS: cliquez ce lien pour un diaporama des enregistrements...

OooooooooooooooO

We had struggled for a whole month (see previous post) to plan this day, everything was going smoothly to fulfil this dream of recording an orchestra, then on Day D, a chainsaw and a mechanical excavator just invited themselves to be part of the orchestra. If we had to cancel the recording, it would be a nightmare to find another day when everybody is available because students are soon going to resume classes. I was standing there, in front of the musicians. I had to make a decision.

I have many sources of inspiration. Among Gandhi, Martin Luther King and Mandela stands one of the greatest philosophers of this century: Eric Cantona. Yes.
I recently watched “Looking for Eric”, Ken Loach’s latest movie. An absolute fan of Eric Cantona sees his life fall apart. One day he imagines that his idol appears and talks to him. Cantona is going to help him getting better thanks to his great sayings.

As I was thinking about what I should do, one of Cantona’s sayings popped in my mind: “There are always more choices than you think”. I like this idea. We often limit our lives to a definite number of possibilities (“it’s this or this, it can’t be anything else”), whereas there are a lot more alternatives than we think. It is a beautiful vision of faith: what I don’t see yet exists somewhere, and in every situation there are more ways than what we currently see.

So in this beautiful August day, I am searching. There must be a solution somewhere. I trust God there will be something anyway. And if everything is eventually cancelled, there are much worse things in this world…

I asked the workers about their schedule, they told me that they had a break between 12 13:30. It was not enough for us, but hey, we could start with this. At 13:15 we had only recorded half of the first piece when they resumed the work. Then rain started, adding a nice drum session on the roof. Everything designed to enhance faith is to be welcomed! At 17:00 the rain stopped, and so did the mechanical excavator. We finally could record everything…

At the end of the day, we gathered around a table in a pizzeria. We were exhausted, but very happy that we accomplished something together. Nothing is worth the fellowship of these moments.

When I arrived at home, around midnight, I found two small keys on my door, with a little word: “From…, inspired by God…” I did not understand. When I entered, a big black guitar case was standing in the middle of the room. I thought: “Cool, a guitar-case, I needed one”. I used one of the small keys to open it to discover a wonderful Tanglewood guitar. I still did not understand.

On the following day, I called the friend who had sent it. He just told me he had looked for this guitar for a long time, and God told him it was for me. I protested, but I could not make him change his mind. Still now, while I am writing in the train from Paris, I don’t understand, but a beautiful guitar is waiting for me at home. I am far from being worthy of it. Is it a sign of encouragement, of comfort? Maybe all of these, I don’t know, and I think I give up understanding. I just want to thank God and this person, and use this instrument for the best I can.

(To be continued...)

PS: click on this link to see photos of the recordings.

Une semaine d’enregistrements (1/3) / A week with recordings (1/3)

(English version below)

Je suis dans le train de retour de Paris. De grands champs parsemés de tâches de forêt défilent à la fenêtre. Je suis épuisé, mais content de cette semaine. La vie est une formidable aventure que j’apprends petit à petit à mordre à pleine dents. En pensées je remercie Dieu pour ce miracle du souffle de vie qui est en nous. C’est une belle chose que de pouvoir rêver, agir, penser, rire, pleurer, ressentir...vivre.

Il faudra plus d’un post pour raconter cette semaine très riche. Je ne trouve pas de mot pour décrire mon étonnement devant la manière dont les choses se sont mises en place. Il y a à peine un mois, j’hésitais à lancer un enregistrement de cordes, face à la difficulté de la tâche. Puis j’ai lancé l’idée auprès de quelques amis avec qui j’ai l’habitude de jouer à l’église. Devant leur enthousiasme, je ne pouvais plus reculer. On a donc trouvé une date. Et la course à la préparation a commencé.

Il me fallait tout le matériel technique pour l’enregistrement, je n’avais presque rien. J’étais sur le point d’aller le louer quand j’ai reçu un mail d’Hervé Dufournet, technicien à Radio Semnoz, à Annecy. Qui ne tente rien n’a rien...je lui demande donc s’il peut me prêter un peu de matériel, il me répond : « J’ai tout ce qu’il te faut, tu as besoin de quoi ? » En rentrant d’Annecy lundi matin, j’avais dans le coffre sept micros extraordinaires, une carte son, des câbles, trois casques et un ordinateur. Quelle confiance !

Je cherchais quelqu’un pour s’occuper de l’ordinateur pendant que je dirigeais l’orchestre, quand Dolson m’a dit qu’il avait déplacé une journée de travail pour être présent toute la journée. J’ai donc un ingénieur du son…Je me sens tout petit face à toutes ces personnes extraordinaires qui me donnent tant. L’aventure est belle parce qu’on la vit ensemble...

Nous avons donc commencé les répétitions avec les cordes. Je n’ai pas trouvé mon huitième musicien, j’ai donc eu un orchestre de sept instruments : cinq violons et deux violoncelles. Ils ont tous été d’un engagement formidable et d’une grande patience. Ensemble nous avons corrigé la partition, ils m’ont appris la langue de l’orchestre : légato, lié, détaché, staccato, crescendo, piano, forte…je ne sais pas si c’est assez pour commander une pizza dans un resto en Italie, mais j’essaierai un jour.

Enfin est arrivé le jour J. Le jour de réaliser un rêve. Et le jour d’exercer le calme et la sérénité. En effet, à peine étions-nous installés que la douce mélodie d’une tronçonneuse a commencé un solo. Un coup d’œil dehors m'a permis de voir (ô joie! ô désespoir!) que j’ai trouvé mon huitième musicien. Il n’est pas venu seul, le bougre, il a invité un tractopelliste : à côté de l’église, des ouvriers s’activent autour d’une tranchée. Une rapide écoute dans le casque me le confirme : on entend tout. Vive les bons micros. Les musiciens me regardent...

(A suivre...)

OoooooooooooooO

I am in the train back from Paris. I can see wide fields and forests through the window. I am exhausted, but happy of this week. Life is a wonderful adventure which I gradually learn to grasp and experience at its fullest. I thank God for the miracle of life we have in us. It is a beautiful thing to be able to dream, act, think, laugh, cry, feel…live.

I’ll need more than a post to tell the story of this week. I can’t find the words to describe my wonder regarding the way everything organised itself. Hardly a month ago, I hesitated to start the project to record strings, because it would be difficult. Then I told about it to some friends with whom I’m used to play at church, and then I could not go backward anymore. So we decided found a time and a place to do it.

I needed quite a good sound system to record the strings, and I had almost nothing. I was about to hire it when I received a mail from Herve Dufournet, who is a sound engineer at Radio Semnoz, at Annecy. Why not trying? I asked if he could lend me some audio equipment, he answered straight away: “I have everything you need. What do you want?” When I came back from Annecy on Monday morning, my car was loaded with wonderful microphones, sound card, headphones, cables and a computer. Incredible!

I also needed someone to take care of the computer while I directed the orchestra, when Dolson told me he had arranged with his work to have a the whole day to be with us. So I had a sound engineer…I feel so small when I witness all these wonderful people who give me so much. Adventure is so beautiful when experienced together.

So we started rehearsals with the strings. I had not managed to find the eighth musician, so I had a 7-people orchestra: five violins and two cellos. Their commitment and their patience was admirable. Together we corrected the scores, and they taught me the language of an orchestra: legato, staccato, crescendo, forte…I don’t know if it is enough to order a pizza in an Italian restaurant, but I may try one day.

Then came D-Day. I was about to fulfil a dream. I actually was about to exercise calm and self-control. As a matter of fact, we had almost started when the sweet melody of a chainsaw started performing a solo. One look outside allowed me to confirm that I had found the eighth musician. Moreover, he was not alone, for he had brought a mechanical excavatorist to play the bass. Just beside the church, building workers were digging a trench. I quickly took the headphones and there it was: everything could be heard. Go with good mics! The musicians looked at me...

(To be continued...)

vendredi 21 août 2009

Ecrire des chansons (4) / writing songs (4)

Jon foreman / chanteur et compositeur / singer and songwriter

(english version below)

C’est un moment redoutable que de faire écouter une chanson fraîchement composée pour la première fois. L’artiste joue la chanson en scrutant les réactions du visage…puis, au dernier accord, il se met en position de défense en attendant la délivrance ou la peine de mort. L’artiste est au bord de la crise de nerf. Tâche redoutable pour l’audience…que dire ? Comment dire à l’artiste que sa chanson est nulle sans qu’il se mette à pleurer et se jette par la fenêtre avec sa guitare ?

Le verdict arrive. « Non, elle est sympa, ta chanson…mais bon, ça sera pas un tube… »

Ma sœur est géniale. J’habite au premier étage, le pire qui puisse m’arriver est de me casser une jambe sur le gazon. Mais bon, la grand-mère du dessous risquait d’avoir une crise cardiaque en me voyant passer devant se fenêtre…alors je n’ai pas sauté. Une bonne critique est un instrument formidable pour la qualité d'une chanson et l'égo du chanteur.

Les enregistrements continuent donc, et la composition aussi. Je pensais en avoir terminé pour ce CD mais je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas encore assez de chansons à mon goût. Récemment, j’ai composé deux chansons que je ne pensais pas utiliser pour l’album, mais qui vont finalement y être incluses.

Cela faisait un moment que je n’avais pas écrit de nouvelle chanson. L’inspiration est un processus mystérieux, je me demande toujours si c’est une sorte de fontaine qui peut tarir )à tout moment. Jusque-là, la plupart des chansons sont nées de manière plus ou moins spontanée. Une idée me trotte dans la tête, une phrase vient avec une mélodie, et je peux commencer à travailler. Mais avec le temps j’essaie d’être moins dépendant de cette forme d’inspiration, en m’astreignant à l’exercice de composer sur des thèmes imposés.

L’une de ces deux chansons est née lors de la préparation d’un culte, dans mon église. C’était mon tour sur le planning d’interpréter une méditation musicale après la prédication, donc j’en ai demandé le thème au prédicateur, et j’ai tenté d’écrire une chanson en rapport avec ce thème. Ce n’était pas facile…j’y ai travaillé toute la soirée précédente (procrastination quand tu nous tiens…), et le lendemain, alors que le prédicateur parlait, j’étais encore derrière le rideau à essayer de trouver la deuxième strophe et le bridge. Pourquoi je m’embarque toujours dans des plans foireux ? Finalement j’ai terminé la chanson, et je l’ai interprétée juste après, avec un plantage magistral parce que j’avais tellement mal écrit les paroles sur la feuille que je n’arrivais pas à me relire. J’avais trèèès honte, d’autant plus que c’était filmé…Mais le plus drôle de l’histoire, c’est qu’au final j’ai bien aimé la chanson, alors elle fera partie du nouveau CD.

L’un de mes modèles de compositeurs folk s’appelle Jon Foreman. C’est le leader du groupe Switchfoot. Récemment, il a sorti un projet personnel, rassemblé dans 4 CD : été, printemps, hiver, automne. Très différents musicalement de Switchfoot, dans un style plus folk, ces morceaux sont un trésor d’invention, d’originalité et de profondeur. J’ai récemment trouvé une interview de Jon Foreman sur internet (voir la vidéo plus bas) dans laquelle il explique que, de temps en temps, il s’astreint à l’exercice d’écrire une chanson par jour pendant un mois. J’ai trouvé ça intéressant parce que cela montre que la composition n’est pas nécessairement une question d’ « inspiration », au sens où certaines personnes chanceuses recevraient des chansons qui tombent de nulle part. C’est aussi une question de recherche, de réflexion, d’interrogation, de cœur, une question de travail…

Voici comment il définit ce processus (dans la vidéo, c’est à la minute 10:00) : « Une des meilleures métaphores que j’ai trouvé, c’est de comparer ça à une huitre, avec un grain de sable dedans, et vous luttez avec ça. Parfois vous arrivez à en faire une perle et vous pouvez vous en débarrasser, et sentir que vous en êtes libres ».

J’aime cette image de quelque chose qui est en travail en nous et qui donne naissance à autre chose. Pour certain, ça donne naissance à une chanson, pour d’autres à un poème, ou une peinture, une photo, un livre, une recette de cuisine, une décision de faire de l’humanitaire, une bonne conversation avec un ami, bref, les possibilités créatives sont infinies. Et vous, à quoi ce grain de sable donne-t-il naissance ? J’attends vos commentaires !

Maintenant une semaine chargée s’annonce, aujourd’hui j’enregistre et je fais des partitions, de dimanche à mardi on va enregistrer les cordes (il me manque encore deux violons - message subliminal - je paie le train à ceux qui veulent venir jouer), mercredi je pars pour Paris pour la contrebasse, et vendredi je serai de retour pour monter tout ça…bref, une semaine formidable en perspective, que je raconterai la prochaine fois…



It is a frightening moment when the time comes to sing a recently written song for the first time in front of people. The artist carefully tries to read the faces while he sings…then, at the final chord, he prepares himself for deliverance or for death penalty. The artist is almost fainting. Hard job for the audience…what should be said? How should one tell the artist that his song is just very bad without him starting to cry and throwing himself outside the window with his guitar?

Verdict falls. “Well, your song is nice…but hey, it will not be a hit”.
I love my sister. My flat is at the first level, the worst that can happen to me is to brake my leg on the grass. But grand-Ma downstairs could have a heart attack if she saw me through the window…I did not jump. Good criticism is a wonderful tool to enhance both the song and the singer's humility.

Recordings are going on, and so does song writing. I thought I had finished composing for this album but I realised I wanted more songs. I recently wrote two songs I did not thing I would use for the album, but they will finally be part of it.

I had not written new songs lately. Inspiration is a mysterious process. I always wonder whether it is like a fountain that can run dry anytime. Until now most of my songs have been written by a more or less spontaneous way. One idea comes in my mind, followed by a melody with a sentence, and then I can start working it out. But I try to rely less on this form of inspiration. In order to achieve this goal, I force myself to compose on themes or things I would not spontaneously think about.

One of the two last songs I wrote was born with a worship service, in my church. According to the planning I was the one to play a meditation after the sermon. So I asked the theme of the sermon to the preacher, and I tried to write a song that could be in line with his message. It was not easy. I worked for the whole previous evening (procrastination again), and while the preacher was already speaking, I was still behind the curtain, struggling to find a second chorus and a bridge. Why do I always put myself in such stressful situations? Finally I finished the song, which I performed right away. But my handwriting was so bad on the sheet of paper that I stumbled on many words. I was sooo ashamed…But the funniest part of the story is that I realised I liked this song, so it will be part of the new CD.

One of my models of compositor is called Jon Foreman. He’s the leader of the Switchfoot band. Recently he recorded a personal project packed into 4 albums: Summer, Spring, Winter and Fall. It is musically very different from Switchfoot, with a more folk sound. These songs are to me an innovative, original and deep treasure. I recently found an interview of Jon Foreman on internet (see video above) where he explains that, from time to time, he forces himself to exercise composing by writing one song a day for one month. I found this very interesting, because it shows that composing is not necessarily a question of mere “inspiration”, meaning that certain lucky people receive songs falling from nowhere. Writing songs is a process where one searches, thinks, wonders, in short, works.

Here is how he defines how a song is born:
“One of the best metaphors I have come up with is it’s like an oyster, with a grain of sand in it, and you wrestle with it. Sometimes you come up with a purl and you can get rid of it, and feel like you’ve gone through it”

I like this picture of something that is working within us and which gives birth to something else. For some people, it results in a song, but for others it becomes a poem, a painting, a picture, a book, a recipe, a decision to do humanitarian work, a good conversation with a friend, endless creative possibilities! What about you? What does this grain of sand within produces? I am waiting for you comments !

Now a busy week is waiting for me. Today I record and I write scores, then from Sunday to Monday I will record the strings, on Wednesday I go to Paris for the double bass, and Friday I’ll be back to edit all this…in short, I foresee a wonderful week, which I will tell about next time. See you soon!

mardi 11 août 2009

Enregistrement toujours... / Still recording...

(English version below)

A mon tour de suer sous la Cabane…mon petit frère préféré était en vacance à la maison, alors je l’ai embauché. A lui d’appuyer sur le bouton « Rec » pendant que je lutte sous la Cabane. Devoir gérer à la fois l’instrument et l’ordinateur n’est pas très pratique, donc son aide m’a été vraiment précieuse. Et puis la majeure partie du travail est assez solitaire et fastidieuse, donc c’était une chance de pouvoir faire un bout du chemin avec Mat. Les enregistrements continuent donc.

En ce mois d’Août, les choses s’emballent. Le compte à rebours continue à rapprocher la date où le CD doit être fini. Les vacances étant bientôt finies, un certain nombre de personnes qui interviendront sur le CD ne seront bientôt plus aussi libres, il faut donc réussir à faire les enregistrements avant la fin du mois. Je vais monter sur Paris pendant la dernière semaine d’Août pour enregistrer la contrebasse de mon ami Luma, et peut-être ajouter les voix d’une chorale gospel si j’en trouve une d’ici-là. Là-dessus s’ajoute l’ensemble de cordes (violons, violoncelles) que je suis en train de former avec des jeunes du coin. Tout ça représente un vrai casse-tête parce qu’il faut trouver des dates qui conviennent à tout le monde, continuer à enregistrer pour qu’ils aient une bonne base sur laquelle jouer, composer les arrangements et les mettre en partition, bref, c’est une vraie course contre la montre.

J’avoue que c’est stressant, mais, pour le grand procrastinateur que je suis, des dates-limites sont finalement très utiles ! Quand on n’a plus le choix, on n’a plus le choix…(dixit Confucius). Le stress est donc compensé par la joie de voir les choses avancer…


It’s my turn to sweat in the Shelter…my favourite (and only) younger brother was on vacation here, so I hired him. He was the one to push the “Rec” button while I struggled with my guitar. It is not very convenient to have to deal with both the computer and the guitar at the same time, so his help was very precious to me. Given most of the work is quite solitary and arduous, it was a real blessing to be able to do part of it with Mat. So the recordings progress…

In this month of August, things are getting serious. The countdown keeps on getting the CD release date closer and closer. Summer vacations are almost over, so a certain number of people I would like to have playing on the CD will soon not be as free as now, therefore I have to do that with them before the end of the month. On the last week of August I will go to Paris to record the double-bass played by my friend Luma, and maybe a gospel choir if I can find one. Additionally, I am forming an ensemble of strings (violin, cello) with youth of the area. All of this gives me a lot of headaches because there are a lot of things to do: I have to find a date when everybody is free, while keeping on recording in order them to have a good basis to play on, composing the arrangements and writing the scores…I feel as if I was running a race.

I admit it is a pretty stressful time, but deadlines are very useful for a procrastinater like me! When I don’t have the choice, I don’t have the choice (cf. Confucius). Therefore stress is compensated by the joy of seeing more work being done.