lundi 30 juin 2008

Albania


(English version below)

Il y a un mois, j'ai été invité à chanter en Albanie. C'était une expérience très forte en découvertes, en surprises et en partages. L'Albanie est un pays étonnant.
Pour le pays, j'y ai retrouvé un peu de la Corse: une étroite plaine coincée entre une côte de sable et les montagnes.
Pour la conduite en ville, j'y ai retrouvé l'Afrique: les feux rouges sont en option, passe celui qui s'impose le plus.
Pour les panneaux publicitaires, j'y ai trouvé la mondialisation en marche.
Et pour le reste, j'y ai trouvé l'Albanie. C'est un pays qui se reconstruit après l'une des dictatures les plus dures du communisme, et une quinzaine d'années de transition difficile. Mais depuis peu de temps, le pays se transforme complètement. Le gouvernement fait beaucoup d'effort pour se mettre aux normes européennes dans l'espoir d'entrer dans la Communauté. Et tout (presque) est neuf ou en construction. L'aéroport, les routes, les maisons.
Et puis, il y a les gens. Chaleureux, accueillants, et passionnés, comme dans le Sud.
Ah, oui. J'y ai aussi trouvé la famille Romain, celle qui m'a invité et accueilli. Comme le sont les familles missionnaires (j'en connais quelque chose), on y collectionne les langues, les cultures, les expériences, et les voyages. Sylvain est français, mais il a passé énormément de temps en Allemagne, où il a épousé une Croate, et leurs deux enfants Sophie et Silas ont grandi en Allemagne, en France et en Turquie. Ici, la terre semble soudain plus petite.

Cela me rappelle une phrase d’un livre où toutes les phrases commencent par : « Vous savez que vous êtes un enfant de missionnaire quand… »
Et la dernière phrase du livre, c’était :
« …quand le seul endroit que vous appelez "chez moi", c’est le ciel ».

Voilà, maintenant je sais où est l'Albanie / There it is, I know where Albania is now...

Tirana - avec le drapeau rouge de l'aigle à deux têtes de l'Alabanie / Tirana - with the red flag on which is printed the double-headed eagle of Albania.
La famille Romain - de gauche à droite, Silas, Liliana, Sophie et Sylvain

A month ago, I was invited to sing in Albania. It was a wonderful experience, full of discoveries, surprises and fellowship. Albania is a surprising country.
Concerning the landscape, I could find some of Corsica in it: a narrow plain stuck between beach and mountains.
Concerning driving in the city, I could find some of Africa in it: red lights are only optional, the stronger goes first.
Concerning advertisement, I could find globalization.
And for the rest, I could find Albania. It is rebuilding itself after one of the worst communist dictatorship and about 15 years of difficult transition. But recently the country transformed itself completely. The government makes a special effort in order to enter the European Union. And everything (almost) is either new or in construction. Airport, roads, houses.
And here comes Albanian people. Warm, welcoming, passionate like in southern France (or even Corsica).
Oh, yes, I also found a wonderful family there: the Romain, who invited me. Like it can be in missionary families (I know something about that), they collect languages cultures, experiences, and trips. Sylvain is French, but spent most of his time in Germany, where he got married to a Croatian woman, and their two children, Sophie and Silas grew up in Germany, France, and Turkey. Here the earth seems a lot smaller.

It reminds me of a sentence in a book where all phrases began by : “You know you are a missionary Kid when…”
And the last line in the book was :
“…when the only place you call home is heaven.”

jeudi 19 juin 2008

Faire sa part / Doing one's part

(english version below)

Récemment, comme (trop) souvent, je me suis posé beaucoup de questions existentielles, sur le sens de la vie, ce que nous devons faire ici. Quand je suis devant mon ordinateur au boulot à corriger des graphiques de cours de bourse, ou à faire de la musique dans une église ou dans un concert, je me demande si ce que je fais est bien utile. J'aimerais tellement ressembler à un Gandhi, un Martin Luther King, faire quelque chose qui vaille vraiment la peine. Face au monde, à l'immensité des besoins, on est souvent désorientés, on ne sait pas par où commencer, et l'on a le sentiment de tourner en rond, sans rien vraiment accomplir. Dans mes prières je posais ces questions à Dieu, je demandais "Que dois-je faire, que dois-je faire?"

Et puis hier j'ai vu le film"Good Morning Vietnam", avec Robin Williams. C'est l'histoire d'un animateur radio réputé pour son humour, qui est envoyé à Saïgon pour animer des émissions quotidiennes pour les soldats américains au combat. Sa liberté de ton et ses manières peu orthodoxes le mettent bientôt en difficultés face à la hiérarchie, au point qu'un jour il est suspendu de ses fonctions. Les soldats le réclament. Mais tout à sa colère et son sentiment d'inutilité, il refuse de continuer. C'est là qu'un soldat qui l'accompagne (Forest Whitaker) essaie de le convaincre. Pris dans un embouteillage au milieu des camions remplis de soldats, il se lève et devant tout le monde dévoile l'identité de son passager: c'est lui, l'animateur radio qu'ils entendaient chaque jour. Ne pouvant plus se défiler, l'animateur improvise alors une émission debout sur sa jeep, au milieu des rires des soldats. Et là il comprends que ce qu'il fait n'est pas inutile. Au milieu d'une guerre injuste, qui envoie des milliers de jeunes se faire massacrer pour des intérêts politiques douteux, son humour leur permettent de ne pas sombrer dans la folie.

Et ça m'a parlé. Quelque part c'est comme si Dieu me disait: "Tu veux faire de grandes choses, alors commence par celles qui sont entre tes mains. Tu n'as pas un CD à finir? Un condamné à mort à qui tu dois écrire? une grand-mère solitaire avec qui tu dois aller regarder la télé? Ca, c'est ta part. Le reste m'appartient." Cette part peut être petite, insignifiante, on peut la mépriser, penser que ce n'est pas assez, qu'il faudrait faire autre chose, mais cela reste notre part. Et on a tous une part à faire, car, comme dit Michel Boujenah, personne n'est inutile.

Alors quelle est notre part? Un de mes amis a une définition du prochain que j'aime bien: "Le prochain, c'est la personne que tu croises sur ton chemin, et qui a besoin de toi." Si tu veux savoir ce que tu dois faire, prie, et regarde autour de toi. Sur ton chemin tu rencontreras des personnes, des associations, des situations, et alors tu sauras: si tu peux faire quelque chose, c'est là ta part, aussi dérisoire ou futile que ton action puisse te sembler. Non, personne n'est inutile. Alors...

Just do it!!!!


Recently I thought a lot about existential questions, the meaning of life, what we are here for. I (too) often ask these questions. When I am in front of my computer at the office, correcting stock exchange quotations charts, or when I sing at the church or in a concert, I wonder whether what I’m doing is very useful. I would desperately like to resemble Gandhi, or Martin Luther King, I’d like to do something really worth it. Facing the world, and it’s ocean of needs, we are just lost, we don’t know what to do, we are overwhelmed, and we feel frustrated because we don't know where to start. In my prayers I asked God: “What should I do?”

Last night I watched the film “Good Morning Vietnam”, with Robin Williams. It tells the story of a famous DJ, known for his humour, who is sent to Saigon to do radio programs for American soldiers. His unorthodox methods soon make his superiors very angry and one day, he'is suspended. Soldiers from all over Vietnam write to have him back. But he is so overwhelmed by his anger and his feeling of worthlessness that he refuses to resume. Then comes this scene where a soldier (Forest Whitaker) tries to convince him he should do it. Trapped in a traffic jam, surrounded by army trucks full of soldiers, he stands up in the car and tells everybody who is the guy sitting next to him: he’s the DJ they heard every day on the radio. Given he can’t escape any more, the DJ stands in the Jeep, and improvises a radio program in the middle of the soldiers’ laughs. There he understands that what he does is not useless. In the middle of an unjust war, which sends thousands of youth to massacre because of dubious political interests, his humour helps them not to become crazy.

I was deeply touched. Somehow I sensed that God was telling me: “You want to do great things, so begin with those you have in your hands. Don’t you have a CD to finish? Isn’t there a death row prisoner waiting for your letter? Isn’t the old lady downstairs waiting for you to come watch TV with her? This is you part. The rest is mine.” This part may seem tiny, insignificant, we can despise it, we can think it is not enough, we can think we should do something else, it remains our part and we should not discuss it. We all have this part of ours to do. As Michel Boujenah (a French humorist) says, no one is useless.

Then what is our part? One of my friend has a good definition of “thy neighbour”: “Your neighbour is the person you come to meet along your way, and who needs you.” If you want to know what you should do, pray, and look around you. You will meet a person, an association, situations, and you will know: If you can do something, there is your part, as trivial or unimportant it appears to you. No one is useless. So…

Just do it!