vendredi 21 août 2009

Ecrire des chansons (4) / writing songs (4)

Jon foreman / chanteur et compositeur / singer and songwriter

(english version below)

C’est un moment redoutable que de faire écouter une chanson fraîchement composée pour la première fois. L’artiste joue la chanson en scrutant les réactions du visage…puis, au dernier accord, il se met en position de défense en attendant la délivrance ou la peine de mort. L’artiste est au bord de la crise de nerf. Tâche redoutable pour l’audience…que dire ? Comment dire à l’artiste que sa chanson est nulle sans qu’il se mette à pleurer et se jette par la fenêtre avec sa guitare ?

Le verdict arrive. « Non, elle est sympa, ta chanson…mais bon, ça sera pas un tube… »

Ma sœur est géniale. J’habite au premier étage, le pire qui puisse m’arriver est de me casser une jambe sur le gazon. Mais bon, la grand-mère du dessous risquait d’avoir une crise cardiaque en me voyant passer devant se fenêtre…alors je n’ai pas sauté. Une bonne critique est un instrument formidable pour la qualité d'une chanson et l'égo du chanteur.

Les enregistrements continuent donc, et la composition aussi. Je pensais en avoir terminé pour ce CD mais je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas encore assez de chansons à mon goût. Récemment, j’ai composé deux chansons que je ne pensais pas utiliser pour l’album, mais qui vont finalement y être incluses.

Cela faisait un moment que je n’avais pas écrit de nouvelle chanson. L’inspiration est un processus mystérieux, je me demande toujours si c’est une sorte de fontaine qui peut tarir )à tout moment. Jusque-là, la plupart des chansons sont nées de manière plus ou moins spontanée. Une idée me trotte dans la tête, une phrase vient avec une mélodie, et je peux commencer à travailler. Mais avec le temps j’essaie d’être moins dépendant de cette forme d’inspiration, en m’astreignant à l’exercice de composer sur des thèmes imposés.

L’une de ces deux chansons est née lors de la préparation d’un culte, dans mon église. C’était mon tour sur le planning d’interpréter une méditation musicale après la prédication, donc j’en ai demandé le thème au prédicateur, et j’ai tenté d’écrire une chanson en rapport avec ce thème. Ce n’était pas facile…j’y ai travaillé toute la soirée précédente (procrastination quand tu nous tiens…), et le lendemain, alors que le prédicateur parlait, j’étais encore derrière le rideau à essayer de trouver la deuxième strophe et le bridge. Pourquoi je m’embarque toujours dans des plans foireux ? Finalement j’ai terminé la chanson, et je l’ai interprétée juste après, avec un plantage magistral parce que j’avais tellement mal écrit les paroles sur la feuille que je n’arrivais pas à me relire. J’avais trèèès honte, d’autant plus que c’était filmé…Mais le plus drôle de l’histoire, c’est qu’au final j’ai bien aimé la chanson, alors elle fera partie du nouveau CD.

L’un de mes modèles de compositeurs folk s’appelle Jon Foreman. C’est le leader du groupe Switchfoot. Récemment, il a sorti un projet personnel, rassemblé dans 4 CD : été, printemps, hiver, automne. Très différents musicalement de Switchfoot, dans un style plus folk, ces morceaux sont un trésor d’invention, d’originalité et de profondeur. J’ai récemment trouvé une interview de Jon Foreman sur internet (voir la vidéo plus bas) dans laquelle il explique que, de temps en temps, il s’astreint à l’exercice d’écrire une chanson par jour pendant un mois. J’ai trouvé ça intéressant parce que cela montre que la composition n’est pas nécessairement une question d’ « inspiration », au sens où certaines personnes chanceuses recevraient des chansons qui tombent de nulle part. C’est aussi une question de recherche, de réflexion, d’interrogation, de cœur, une question de travail…

Voici comment il définit ce processus (dans la vidéo, c’est à la minute 10:00) : « Une des meilleures métaphores que j’ai trouvé, c’est de comparer ça à une huitre, avec un grain de sable dedans, et vous luttez avec ça. Parfois vous arrivez à en faire une perle et vous pouvez vous en débarrasser, et sentir que vous en êtes libres ».

J’aime cette image de quelque chose qui est en travail en nous et qui donne naissance à autre chose. Pour certain, ça donne naissance à une chanson, pour d’autres à un poème, ou une peinture, une photo, un livre, une recette de cuisine, une décision de faire de l’humanitaire, une bonne conversation avec un ami, bref, les possibilités créatives sont infinies. Et vous, à quoi ce grain de sable donne-t-il naissance ? J’attends vos commentaires !

Maintenant une semaine chargée s’annonce, aujourd’hui j’enregistre et je fais des partitions, de dimanche à mardi on va enregistrer les cordes (il me manque encore deux violons - message subliminal - je paie le train à ceux qui veulent venir jouer), mercredi je pars pour Paris pour la contrebasse, et vendredi je serai de retour pour monter tout ça…bref, une semaine formidable en perspective, que je raconterai la prochaine fois…



It is a frightening moment when the time comes to sing a recently written song for the first time in front of people. The artist carefully tries to read the faces while he sings…then, at the final chord, he prepares himself for deliverance or for death penalty. The artist is almost fainting. Hard job for the audience…what should be said? How should one tell the artist that his song is just very bad without him starting to cry and throwing himself outside the window with his guitar?

Verdict falls. “Well, your song is nice…but hey, it will not be a hit”.
I love my sister. My flat is at the first level, the worst that can happen to me is to brake my leg on the grass. But grand-Ma downstairs could have a heart attack if she saw me through the window…I did not jump. Good criticism is a wonderful tool to enhance both the song and the singer's humility.

Recordings are going on, and so does song writing. I thought I had finished composing for this album but I realised I wanted more songs. I recently wrote two songs I did not thing I would use for the album, but they will finally be part of it.

I had not written new songs lately. Inspiration is a mysterious process. I always wonder whether it is like a fountain that can run dry anytime. Until now most of my songs have been written by a more or less spontaneous way. One idea comes in my mind, followed by a melody with a sentence, and then I can start working it out. But I try to rely less on this form of inspiration. In order to achieve this goal, I force myself to compose on themes or things I would not spontaneously think about.

One of the two last songs I wrote was born with a worship service, in my church. According to the planning I was the one to play a meditation after the sermon. So I asked the theme of the sermon to the preacher, and I tried to write a song that could be in line with his message. It was not easy. I worked for the whole previous evening (procrastination again), and while the preacher was already speaking, I was still behind the curtain, struggling to find a second chorus and a bridge. Why do I always put myself in such stressful situations? Finally I finished the song, which I performed right away. But my handwriting was so bad on the sheet of paper that I stumbled on many words. I was sooo ashamed…But the funniest part of the story is that I realised I liked this song, so it will be part of the new CD.

One of my models of compositor is called Jon Foreman. He’s the leader of the Switchfoot band. Recently he recorded a personal project packed into 4 albums: Summer, Spring, Winter and Fall. It is musically very different from Switchfoot, with a more folk sound. These songs are to me an innovative, original and deep treasure. I recently found an interview of Jon Foreman on internet (see video above) where he explains that, from time to time, he forces himself to exercise composing by writing one song a day for one month. I found this very interesting, because it shows that composing is not necessarily a question of mere “inspiration”, meaning that certain lucky people receive songs falling from nowhere. Writing songs is a process where one searches, thinks, wonders, in short, works.

Here is how he defines how a song is born:
“One of the best metaphors I have come up with is it’s like an oyster, with a grain of sand in it, and you wrestle with it. Sometimes you come up with a purl and you can get rid of it, and feel like you’ve gone through it”

I like this picture of something that is working within us and which gives birth to something else. For some people, it results in a song, but for others it becomes a poem, a painting, a picture, a book, a recipe, a decision to do humanitarian work, a good conversation with a friend, endless creative possibilities! What about you? What does this grain of sand within produces? I am waiting for you comments !

Now a busy week is waiting for me. Today I record and I write scores, then from Sunday to Monday I will record the strings, on Wednesday I go to Paris for the double bass, and Friday I’ll be back to edit all this…in short, I foresee a wonderful week, which I will tell about next time. See you soon!

1 commentaire:

  1. Le grain de sable qui m'embete en ce moment et qui tourne et retourne dans tous les sens est en train de donner naissance à une façon originale de transmettre un savoir à des enfants. Bref, quelque chose qui puisse aussi évoluer tout au long de l'année sans les lasser. Un jeu de marionnettes est en cours !!!

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