(English version below)
J’ai entendu dire l’autre jour qu’il est impossible à un amnésique de faire des projets et de se projeter dans l’avenir. Sans passé, on ne peut pas avoir d’avenir, parce qu’on n’a rien en réserve pour l’imaginer. Dans chaque choix que l’on fait, il y a toutes l’expériences des situations du passé comme autant de repères sur lesquels ont s’appuie.
Le futur est un présent que nous fait le passé.
En ce début de nouvelle année, on peut faire le tri dans la boite à bazar qui s’est accumulée pendant l’année précédente. On peut jeter à la poubelle ce qu’on ne veut plus se trimballer, ranger soigneusement dans une boite à souvenirs tous les bonheurs qu’on a reçu, et esquisser un itinéraire sur une carte qui peut représenter l’année qui vient.
Mais après ça, le seul moment que nous pouvons vivre, c’est le présent. Le passé est déjà parti, et le futur n’existe pas encore. Encore une fois, le seul moment que nous pouvons vivre, c’est le présent.
En tant qu’enfant de pasteur, j’ai l’impression d’avoir toujours un peu vécu au milieu des cartons. On arrivait à un endroit, mais on savait que ça ne serait pas pour très longtemps, donc il y avait toujours dans des coins des cartons qui finissaient par faire partie du décor. Il y a même des cartons qu’on n’a jamais ouverts, et qu’on a trimballés de déménagement en déménagement. Comment s’installer dans une maison quand on sait qu’il faudra peut-être bientôt la quitter ?
Et pourtant, au milieu des cartons de notre inévitable prochain déménagement, ma mère mettait nos rideaux, nos draps, elle plantait des légumes s’il y avait un jardin, bref, tout prenait notre couleur pour que nous puissions vraiment habiter la maison, même si l’on ne savait pas pour combien de temps.
On peut courir le risque de vivre toujours dans une sorte de campement provisoire, toujours la main sur la poignée de la porte, toujours en préparation pour après. Le corps est plus ou moins là, mais l’esprit est en travail ailleurs, comme si la vie était éternellement destinée à commencer demain, après, et autre part. Après quoi, et où ?
Ne reste donc plus qu’à apprendre à habiter le présent, à goûter à toute l’intensité d’ici, à explorer le train du maintenant. C’est étonnant qu’une chose aussi simple prenne aussi longtemps à s’apprendre. Mais c’est peut-être ça, commencer à vivre l’Eternité.
OooooooooooO
I’ve heard the other day that an amnesiac can not have projects and plan things for the future. Without past, one can note have a future, because one has nothing in store to imagine it. In every choice we make lies the whole experience of our past experiences.
Future is a present given by our past.
At the beginning of this new year, one can sort things out in the box of events filled by the previous year. We can throw useless things in the trash bin, we can save good moments in a special box for memories, and then we may open a map and think about the next year’s journey.
But after we’ve done all this, the only moment we can live is the present. Past is gone already, future does not exist yet. Again, the only moment we can live is the present.
As a pastor kid, I feel as if I always lived amongst cardboard boxes. When we moved somewhere, we knew it was not for a very long time, so boxes became part of the decor. I remember there were even boxes we brought along with us from place to place without ever opening them. How do you settle in a house when you know there are good chances you’ll leave it soon?
And yet, in the middle of the boxes of our unavoidable next move, my mother would put our curtains, our sheets, she would plant vegetables if we had a garden. In short, our house would be covered with our colours so that it might become our home, even if we did not know how long this would last.
We are in danger of always living in a sort of temporary camp, with our hand on the door handle, always preparing ourselves for after. Our bodies are more or less there, but our spirit is working elsewhere, as if life was always to begin tomorrow, after, and somewhere else. After what, and where?
So the only thing we have to learn is to inhabit the present, to taste the intensity of here, to explore the train of now. It’s a wonder why such a simple skill takes so long to master. Maybe this is what it means to begin living Eternity.
Ah! ces fils de pasteur et leurs cartons! J'en ai un à la maison... De fils de pasteur! Cela dit, j'aurais préféré n'avoir qu'un seul carton en attente...
RépondreSupprimerJe viens de lire ce post, et c'est bien à propos ce que tu dis... je suis fatiguée de vivre dans les cartons... alors c'est l'heure de rentrer à la maison, tu crois pas? :)
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